Survivre une crise de foi et vivre l'Évangile à fond

Si ta foi te tiens à coeur et si tu aspire à être une personne sensible et honnête, tu as sûrement déjà été accablé par le doute. Tu vis peut-être actuellement une crise de foi. Si c’est le cas, tiens bon.

Il y a quelques années, je me rappelle avoir vécu ma propre crise, où mes doutes me faisaient sentir comme si j’étais en chute libre, tentant sans succès de m’agripper à quelque chose. A un certain moment durant cette épisode, j’ai participé à une retraite au travail et j’ai confié ces tourments à l’animateur. En réponse, il m’a partagé l’histoire d’un homme à qui il avait, pour un tourment similaire, prêté main forte:

Cet homme était un Amérindien qui était déchiré entre deux identités: le guerrier et le guérisseur. Il sentait ces deux identités distinctes dans son être, et il les sentait se battre, en conflit, comme des opposés. Le guerrier voulait se battre et détruire; le guérisseur voulait guérir les autres, les renouveler et les rebâtir. L’homme se sentait tiraillé entre les deux, épuisé par l’énergie tirée de ce conflit.

Avant de continuer avec cette histoire, considérons d’abord deux énoncés opposés sur Dieu: « il existe un Dieu » et « il n’existe pas un Dieu ». Lequel de ces énoncés est vrai?

L’animateur a proposé à l’Amérindien l’exercice suivant: étend tes bras de chaque côté. L’une de tes mains représente le guerrier, et l’autre, le guérisseur. Ressent la tension entre les deux mains et comment les deux mains sont distinctes. Lentement, rapproche les en avant de toi, puis joint-les. Maintenant, elles ne font qu’une.

Reconsidère maintenant les deux énoncés proposés ci-haut et applique-les à cet exercice: l’une des mains représente « il existe un Dieu » et l’autre main représente « il n’existe pas un Dieu ». Lequel des deux est vrai?

Joins tes deux mains ensemble: est-ce que les énoncés peuvent être tous deux vrais, en même temps? Porte attention à ce qui se passe dans ta tête en considérant cette question. Remarque bien la tension à accepter ces deux idées opposées comme étant vraies, en même temps. As-tu remarqué que tu employait un mot, dans ta tête, entre ces deux idées? T’as-tu entendu ajouter un « ou »? «C’est soit ‹ il existe un Dieu › ou ‹ il n’existe pas un Dieu ›. On ne peut avoir les deux. »

Et si on changeait ce « ou » en « et »? Poses-toi la question suivante: «Y a-t-il une façon que — et c’est ici la partie importante à se demander — à l’intérieur de moi, je puisse vivre avec ces deux idées opposées, toutes deux, en même temps? »

Cet exercice peut paraître un peu bizarre, et pourtant, je crois que la leçon à en tirer est nécessaire pour une foi mature, une foi qui annonce l’Évangile librement.

Entretenir un « et » en ton esprit te permettra d’admettre librement la possibilité qu’il n’y ait pas de Dieu. Sans cette possibilité, l’Évangile qui t’as touché ne serait pas un Évangile choisi, mais plutôt un Évangile nécessaire d’être vrai. Alors dans tel cas, le choix n’existerait pas vraiment, n’est-ce pas?

Lorsqu’on discute avec des soit-disant non-croyants tout en entretenant la perspective du « ou », on est porté à sortir nos gros arguments et nos preuves démontrant comment Dieu doit nécessairement exister. Avec la perspective du « et », l’échange se centre plutôt autour de témoignages auxquels l’autre peut s’identifier et autour d’expériences personnelles. La dichotomie nous-contre-eux se transforme en un échange inclusif. En fin de compte, nous sommes tous, au plus profond, à la fois un sceptique et un chercheur. Et cette admission offre un terrain fertile pour entamer la discussion.

Considère donc l’idée du « et » en naviguant tes doutes. Cette idée pourrait non seulement désamorcer une crise de foi; elle pourrait tout autant t’aider à vivre l’Évangile librement, à fond.