Mener une vie moderne tout en vivant l'Évangile par Pascal Laliberté

S'absenter de la famille

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Quand on s’absente de notre famille, on peut facilement se culpabiliser, comme si une sortie veut dire qu’on néglige ceux qu’on aime. Il n’est pas nécessaire d’éprouver ce malaise.

Il y a un certain temps, je me sentais vraiment éparpillé, que j’en avais beaucoup à gérer: la famille, le travail, notre implication à l’église, nos amis, et la famille éloignée aussi - les oncles, les tantes. Peut-être es-tu dans une situation similaire, trouvant que tu as trop de balles à jongler, trop d’intérêts à poursuivre.

Quand on en a beaucoup à l'agenda, s'absenter de la famille nous fait sentir qu'on la néglige

C’est moche de se sentir ainsi partagé. Et où trouveras-tu le temps de prendre soin de toi dans tout ça? Prendre un temps de pause semble dire qu’il faut que tu renonces à certains engagements afin de te mettre en premier. Quand on le voit sous cet angle-là, on pourrait penser que tu es en concurrence avec tes reponsibilités. Répugnante comme situation, non?

Et ton implication dans de bonnes causes, on en fait quoi? Ces activités te tiennent à coeur, mais puisque maintenant il y a la famille, il faut couper dans ces implications. Forcément, il faudra laisser tomber des gens qui comptent sur ton aide, des gens qui te sont chers.

Puis il y a le travail. Le problème c’est que ça devient beaucoup plus qu’un simple travail. Parfois, c’est un univers complètement séparé, où tu adoptes une nouvelle personnalité et tu y joues un rôle que tu dois abandoner pour revenir au foyer. Ou peut-être que ta situation n’est pas si grave et tu es toi-même au bureau. De toute façon, avouons qu’il est difficile de se donner à fond au boulot tout en mettant la famille en premier.

Sauf que, dans tout ça, il y a bien une chose qui est incontournable: tu auras besoin de t’absenter de la famille à l’occasion. Peut-être devrait-on garder ces sorties au minimum? Peut-être. Et peut-être qu’il y a une façon de savoir quand c’est le bon moment de s’absenter et d’aller dans le monde.

Voici l’idée: au lieu de penser que tu quittes la famille, penses-y comme si tu apportes la famille avec toi, dans ta tête. Si tu t’absentes pour du temps de solitude, la famille s’y trouve avec toi. Si tu quittes pour te donner à une cause, la famille est présente aussi. Et lorsque tu vas au travail, ta famille est là, à tes côtés. Sauf que, bien sûr, la famille n’y est pas vraiment. Puisque les membres de ta famille ne peuvent pas être avec toi physiquement, l’idée c’est de te voir comme leur envoyé.

La famille t’a envoyé en son nom. Tu représentes la famille. Lorsque tu sors avec les amis, tu t’absentes pour en ramener quelque chose : plus d’énergie, des pensées plus claires, ton meilleur. Lorsque tu te portes volontaire à une bonne cause, c’est la famille qui envoie la meilleure personne pour donner à cette cause. C’est la famille qui se donne à cette cause, pas seulement toi. Quand tu te présentes au travail, tu t’absentes du foyer pour revenir avec un salaire, mettre du pain sur la table, et aussi améliorer la société avec l’aptitude qui te distingue, étant le seul dans la famille qui la maîtrise.

Cette idée risque d’affecter les activités que tu choisiras dorénavent. Ça été mon cas – je me tiens davantage avec certains types d’amis, j’ai changé les causes dans lesquelles je m’implique, et j’ai certainement changé mon regard sur mon emploi. Je me sens plus en contrôle et mon épouse aussi. Nous constatons également que les enfants participent à cette nouvelle vision: ils souhaitent la réussite dans mon travail et ils sont fiers de m’envoyer. La vie est maintenant un projet familial.

Ça ne sert donc à rien de penser qu’il est mauvais de s’absenter de la famille. C’est la famille qui t’envoie. Va, et fait ce que tu dois faire.

Oublie l'idée que c'est toi qui part dans le monde. C'est plutôt la famille qui t'envoie

Mener une vie moderne tout en vivant l'Évangile

Il paraît qu'on nous propose un choix: vivre de façon moderne, vivre notre foi, ou un peu des deux. Pourquoi pas tenter les deux, à fond? Selon moi, c'est de faire co-exister deux idées, et dans cette union je reconnais le genre de foi chrétienne proposée depuis le début.

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